Valentina Pouliova

Lors d'une visite d'un monastère, j'aperçus les silhouettes recourbées des moines traversant la faible lumière qui s'emparait du vieux bâtiment.
Face à la contemplation de ces hommes, on sent que le temps s'arrête, à l'image des mêmes pensées et des mêmes interrogations qui troublent l'esprit de l'homme depuis l'Age de Pierre; frappant, entaillant, il ne peut que gratter la surface, et, depuis l'éternité, son échine est courbée à la force d'essayer de briser le mystère de son existence. Et faisant communion avec la roche qui compose le lien sacré, l'esprit rencontre la matière et se fige un bref instant, tout en demeurant éternel.
En même temps solide et éternelle mais aussi soumise au présent, la silhouette en contemplation est modelée dans une pierre où coopèrent la grandeur de l'esprit et la simplicité de l'être, voila l'importance de ce matériau. La vie humaine est si fugace lorsqu'on la compare aux époques que cette pierre connaîtra, qu'on prend conscience comment l'acte abstrait et invisible qu'est la réflexion se fige de manière réelle et statique dans ce matériau et lui donne toute sa splendeur en empruntant au passé pour éterniser le présent : cette attente mutuelle entre pensée et matière.
Contemplatif
Georges Vanev
Bruxelles